Famille monoparentale, monoparentalité : des constructions linguistiques dont l’usage impropre est parmi les plus toxiques qui soient.
- mono-parental :
- un seul parent !
- monoparental :
- « Qui concerne une famille où l’enfant n’est élevé que par un seul parent. »
(définition du dictionnaire Larousse) - monoparentalié :
- « Sociologie. Le fait pour une famille de ne compter qu’un seul parent. »
(définition du dictionnaire Le Robert) - famille mono-parentale :
- L’enfant est pensé n’être élevé que par un seul parent ; la famille de l’enfant est pensée n’inclure qu’un seul parent, et, partant, qu’une seule branche parentale.
Ces qualifications ne devraient recouvrir que des situations bien spécifiques : lorsqu’un enfant né de père inconnu est élevé par sa mère seule, lorsqu’un enfant né sous X a été recueilli par son père seul, lorsqu’un enfant privé de toute famille originelle a été adopté par une personne seule1.
Même lorsqu’un des deux parents est décédé un tel étiquetage est largement impropre : certes l’enfant n’est plus alors élevé que par un seul parent, mais il conserve psychologiquement et symboliquement deux parents, et conserve son inscription dans ses deux lignages. Et puis, le disparu ne continue-t-il pas d’exister dans la mémoire des vivants ?
Il conviendrait de parler de foyer monoparental. La famille de l’enfant, elle, continue d’inclure ses deux parents, et l’enfant conserve ses deux ascendances familiales.
Las, cette expression est largement utilisée pour désigner la configuration dans laquelle vivent beaucoup de parents séparés. Le foyer monoparental formé autour du parent qui a obtenu l’attribution de la résidence des enfants se voit abusivement qualifié de famille monoparentale.
Mais alors, quid de l’autre parent, celui qui a été déchu de la résidence de l’enfant ? Comment l’entité formée par cet autre parent et ses enfants est-elle qualifiée ? Eh bien elle n’est pas qualifiée du tout ! Elle n’est pas même nommée. Elle n’est pas même pensée. Cet autre parent, disqualifié, n’est plus envisagé que comme individu isolé. Pour ceux qui distribuent les statuts sociaux, insulte suprême, il ne forme plus famille. Il est effacé du cadre conceptuel de la vie de l’enfant. Il est annulé. Tout au plus lui conserve-t-on le qualificatif de parent, cet oripeau dont on n’a pas osé lui arracher entièrement les lambeaux.
Considérons le cas, hélas typique et fréquent, d’un père réduit à un droit de visite et d’hébergement dit « classique », ce qui correspond à environ 25 % de temps annuel. Pour les sociologues, pour les statisticiens, pour les administrations, pour les journalistes, pour le citoyen dont les représentations sont façonnées par la langue et l’usage qu’en font les dominants du débat public, le foyer mère-enfants constitue une famille monoparentale. Le père quant à lui n’a pas seulement perdu le temps de vie commune suffisant pour vraiment construire du lien avec ses enfants, les éduquer et leur transmettre des valeurs. Il a perdu aux yeux de tous sa dignité parentale de former famille. L’entité père-enfants n’est pas considérée famille monoparentale, n’est pas considérée famille tout court, n’est pas considérée tout court. L’enfant n’est plus pensé comme formant famille avec son père. Le père n’est plus pensé que comme individu isolé. S’il n’est pas, pas encore, coupé de ses enfants, la langue, de sa puissance performative, objective une rupture. L’utilisation toxique de l’appellation famille monoparentale va jusqu’à laisser dire que l’enfant n’est plus élevé que par un seul parent, si l’on en croit la définition du dictionnaire Larousse rappelée plus haut.
Quel message la qualification de « famille monoparentale » propage-t-elle ? Qu’il n’y a désormais qu’un seul parent digne de former famille, un seul vrai parent.
Quel message l’absence de qualification familiale, déniée au parent non résident, propage-t-elle ? Que ce dernier, ne formant pas famille avec ses enfants, n’est pas, n’est plus, un vrai parent.
Quel message tout cela envoie-t-il à l’enfant ? Qu’un seul parent désormais est digne de constituer famille avec lui. L’autre parent… on ne sait pas trop, mais l’absence de qualification familiale est éloquente. L’entité que lui enfant forme avec cet autre parent… on ne sait pas trop. Aucun mot ne vient nommer cette réalité. Et ne pas nommer, c’est dénier. Ne pas nommer est une façon, bien lâche mais bien pratique, de rendre invisible, de faire disparaître. L’enfant ressent très bien cette dénégation sociétale. Qui est cet autre parent ? Qui est-il, lui enfant, avec cet autre parent ? Si une réalité n’a pas de nom, elle ne compte pas vraiment, elle n’existe pas vraiment.
La qualification de famille est lourde de sens. Elle consacre la dignité parentale. Celui à qui elle est refusée est frappé d’indignité.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Les expressions « famille monoparentale » et « monoparentalité » sont aujourd’hui omniprésentes, à mauvais escient dans l’immense majorité des cas, dans les études démographiques ou sociologiques, dans les motivations et orientations des politiques publiques, dans les médias… Comment avons-nous laissé s’installer une pratique langagière d’une telle toxicité ?
La genèse remonte aux années soixante aux États-Unis, et au milieu des années soixante-dix pour son importation en France.
Sous l’ancien régime, puis sous la règle du Code Napoléon, la famille naissait du mariage, seul cadre légitime de conception des enfants. Les naissances hors mariage étaient fort mal considérées. Les enfants dits naturels – nés hors mariage – avaient moins de droits que les enfants dits légitimes – nés d’un couple marié. Les femmes qui donnaient naissance hors mariage étaient (dis)qualifiées de filles-mères ou encore de mères célibataires.
La loi du 3 janvier 1972 sur la filiation a corrigé cette différence de traitement entre enfants en posant un principe d’égalité des enfants naturels et des enfants légitimes. S’il a fallu attendre 2009 pour que les notions de filiation naturelle et filiation légitime soient abolies en droit, une marche importante était franchie. L’inégalité entre enfants naturels et enfants légitimes était pour l’essentiel levée.
Restait donc à faire évoluer le regard porté par la société sur les femmes seules avec enfants, mères hors mariage mais aussi mères divorcées dont le nombre allait grandissant. Un autre élément a d’autre part joué un rôle important : les foyers constitués par ces femmes et leurs enfants étaient mal identifiés dans les études statistiques ou démographiques. Il était nécessaire de mieux les caractériser pour mieux étudier et prendre en compte leurs spécificités. D’où l’idée de les regrouper sous une appellation connotée positivement.
On remarquera incidemment que les foyers constitués par les parents évincés d’une partie du quotidien de leurs enfants mais continuant à exercer une relation parentale (souvent à hauteur quand même de 25 % de temps annuel), étaient, et sont toujours aujourd’hui, bien plus mal identifiés encore. Très peu de données étaient et sont disponibles les concernant. Bien peu semblent s’en inquiéter. La recommandation n° 7 du rapport du Conseil National de l’Information Statistique sur les ruptures familiales et leurs conséquences publié en 2017 a-t-elle été suivie d’effet ? Il faudrait étudier cette question plus avant mais il est probable que non.
Quoi qu’il en soit, c’est avec ce double objectif de visibilité et de valorisation que des militants féministes ont cherché, et réussi, à promouvoir le terme famille monoparentale dans le débat public français, important l’expression one parent family qui était alors en usage depuis plus d’une décennie dans les pays anglo-saxons2. Famille monoparentale semble avoir été utilisé pour la première fois en 1975 à l’instigation de la sociologue Andrée Michel dans le Rapport du Groupe prospective de la famille pour la préparation du VIIe Plan3, et s’est ensuite imposé avec le succès que nous constatons encore aujourd’hui. Il a été adopté par l’INSEE en 1981 pour désigner un des trois grands types de ménages4.
Quelques personnalités ont tenté par la suite d’alerter sur les problèmes inhérent à cette construction langagière, en vain. On notera en particulier les prises de position à ce sujet d’Évelyne Sullerot5 ou de Gérard Neyrand6.
Il paraît bien improbable que les initiateurs de l’expression en France aient été naïfs au point d’en ignorer les effets pervers. Ceux qui ont milité pour l’introduction du terme famille monoparentale, particulièrement s’ils exerçaient le métier de sociologue7 comme c’était le cas pour Andrée Michel, pouvaient difficilement ignorer que cette qualification utilisée de manière indiscriminée évinçait le parent non résident de la famille de l’enfant. Et ils étaient inévitablement pleinement conscients que ce parent ainsi relégué hors du champ familial était le père dans l’immense majorité des cas.
Pourquoi dans ce contexte avoir choisi de promouvoir famille monoparentale et non foyer monoparental comme la logique et le bon sens l’auraient voulu ?
Au milieu des années soixante-dix, les foyers monoparentaux concernaient très certainement des mères dans une proportion plus écrasante encore qu’aujourd’hui. Les combats des pères pour tenter d’infléchir le réflexe des juges de confier l’enfant à la mère perçaient à peine. Les pères non mariés jusqu’aux lois de 1987 et 1993 n’étaient même pas titulaires de l’autorité parentale, celle-ci étant détenue par la mère seule. L’état d’esprit de l’époque était que, hors mariage, les enfants appartenaient aux mères. Des pères séparés commençaient à se structurer pour faire valoir leurs droits. Mais de droits ils n’avaient quasiment aucun. Ils se voyaient dénier toute légitimité.
On peut alors conjecturer que les initiateurs de l’expression ont voulu faire, ou a minima ont volontairement laissé faire, d’une pierre deux coups : offrir aux mères seules la qualification ô combien valorisante de famille, et par là-même en exclure les pères, jetant entre les enfants et leurs pères un obstacle linguistique et conceptuel supplémentaire ; valoriser les mère tout en disqualifiant les pères plus encore qu’ils ne l’étaient déjà. Quant aux mères éloignées de leurs enfants, par exemple dans le cadre d’une situation d’aliénation parentale qui n’était alors pas encore nommée ainsi, elles étaient sans doute trop dérangeantes pour que les militants de la toute puissance maternelle ne s’en encombrent.
Certains prétendrons sans doute que seul le premier élément a été mis dans la balance, que les initiateurs de l’expression étaient animés de pensées humanistes qu’aucune tache ne saurait assombrir. Nous leur répondrons que cette excuse de naïveté ne tient pas. Au milieu des années soixante-dix, il n’était pas plus possible qu’aujourd’hui d’ignorer l’autre face de cette même pièce. Il était sans doute possible de faire semblant de ne pas voir. Il n’était pas possible d’ignorer.
Ceux qui ont choisi d’imposer dans le débat public le terme de famille monoparentale plutôt que celui de foyer monoparental l’ont fait en toute connaissance de cause et de conséquences. Promouvoir le premier plutôt que le second, c’était promouvoir la coupure des enfants d’avec leurs pères.
Parmi les mots ou expressions perfides analysés par masculinités.fr, « famille monoparentale » et « monoparentalité » qui s’est ensuivi tiennent une place particulière : il s’agit d’une construction toxique volontaire, d’une construction volontairement toxique. Les termes maternité ou école maternelle, par exemple, pour problématiques qu’ils soient, s’expliquent par des enchaînements historiques d’évolutions sociétales sur le long cours. Mais famille monoparentale a été fabriqué ! Certes avec pour objectif de valoriser les mères, mais avec pour objectif ou conséquence assumée secondaire, dans le même mouvement, de nuire aux hommes et à leurs enfants en les coupant conceptuellement les uns des autres.
Le plus singulier dans tout cela est la facilité avec laquelle notre société s’est laissée pénétrer par cette barbarie. Dans les années soixante-dix, l’époque était à la haine du père, et plus généralement la haine des hommes… elle l’est toujours pour l’essentiel. Une preuve de plus, s’il en est encore besoin, de la misandrie féroce dans laquelle baignent nos sociétés occidentales.
Appendice à propos de la notion de famille
Comme l’indique l’article Histoire de la famille de Wikipédia : « il n’existe pas de consensus sur une définition unique et universelle de la famille ». Nous pouvons cependant tenter d’en dessiner quelques lignes de force.
Une première élément de réflexion consiste à distinguer des dimensions que l’on peut qualifier d’horizontale et de verticale.
– La dimension verticale est inscription dans une lignée transgénérationnelle qui relie l’enfant à ses parents, ses grands-parents et par-delà à ses ancêtres disparus, et dans laquelle s’inscrira le temps venu sa propre descendance.
– La dimension horizontale est inscription dans un réseau de liens de parenté, directs ou par alliance, qui forment aussi un réseau de solidarité.
Un second élément de réflexion concerne l’étendue de la dimension horizontale, son périmètre.
– On peut s’intéresser au noyau familial qui partage une communauté de vie. Dans cette optique, un groupe de personnes ayant des liens de parenté et habitant le même foyer constitue un noyau familial.
– On peut s’intéresser à un périmètre plus étendu, incluant des oncles, tantes, neveux, nièces, cousins…
Les dimensions horizontale et verticale ainsi que la taille et composition du noyau familial varient considérablement selon les époques et les cultures. Le terme famille est hautement polysémique. Cela d’autant plus que la parenté par alliance a aujourd’hui perdu de sa lisibilité et de sa stabilité : hier domaine du mariage, lien tangible et réputé indissoluble, les alliances fluctuent aujourd’hui dans un univers aux réalités et contours flous entre mises en couple, séparations et remises en couple. Cela d’autant plus aussi que chaque domaine d’étude (ethnologie, sociologie, droit…), mais plus encore chaque auteur (Émile Durkheim, François de Singly, Irène Théry, Emmanuel Todd…), dessine de manière plus ou moins précise sa propre conception de la famille agrémentée de qualificatifs (famille relationnelle, famille conjugale, famille nucléaire…).
S’il est vrai que beaucoup d’auteurs utilisent, sans doute par raccourci, le mot famille pour désigner le noyau familial, il apparaît que, du moins à notre connaissance, toute notion de famille quelle qu’elle soit, y compris lorsqu’elle est réduite au noyau familial, combine dimension verticale, dimension horizontale et inscription dans des périmètres connexes de parentèle.
Dans cette galaxie polysémique, l’expression famille monoparentale relève d’une acception très particulière, décalée, torturée, du mot famille.
Si le second parent n’existe tout simplement pas, comme c’est le cas par exemple pour un enfant né de père inconnu, le concept de famille monoparentale ne paraît a priori pas poser de problème particulier par rapport aux éléments que nous venons discuter. La dimension verticale est composée d’un seul lignage, ou plutôt d’un lignage effectif et d’un lignage inconnu. Les périmètres familiaux sont ceux du seul parent connu.
Cependant, la famille monoparentale que l’activisme militant des années soixante-dix a imposée à notre société désigne le plus souvent un noyau familial amputé d’un parent. Sa dimension nucléaire horizontale a été rabougrie jusqu’à expulser le parent rejeté.
Sa dimension verticale est incertaine. Exclue-t-elle la lignée du paria comme le voudrait en toute logique l’étiquette « monoparentale » ? Ou doit-on considérer que les enfants s’inscrivent malgré tout dans un double lignage (mais auquel cas l’expression famille monoparentale est absurde) ?
Et qu’en est-il alors des périmètres familiaux ? De quel cercle familial le parent exclu fait-il partie ? Forme-t-il avec ses enfants un second noyau familial, parallèle au premier en quelque sorte ? Manifestement non, puisque sauf situation de résidence alternée la qualification de famille monoparentale lui est refusée. Dans quel cercle la parentèle du parent jeté hors noyau familial se retrouve-t-elle confinée ou déconfinée ? Les grands-parents, par exemple, bénéficieraient-ils d’un périmètre spécifique qui inclurait leurs petits enfants sans inclure les parents ? Là encore l’expression famille monoparentale s’avère absurde.
Ajoutons à cela que, tant du point de vue de l’ethnologie que de la sociologie ou du droit, le noyau familial est entité économique. Or, à travers la pension alimentaire, le parent banni participe bel et bien, et à titre individuel, de l’économie familiale. Sauf à considérer que l’enfant serait un bien et le soin parental un service qu’achèterait la pension alimentaire, qualifier de famille un foyer monoparental amputé d’un parent qui continue à participer du système économique familial n’a aucun sens.
Bref ! Par où que l’on regarde l’expression famille monoparentale appliquée à une situation où il existe deux parents, rien ne va. Elle est incohérente, absurde.
Nous pourrions discuter de la situation de résidence alternée où la prétendue existence de deux familles monoparentales, concurrentes en quelque sorte, voudrait faire croire à l’existence de deux familles disjointes mais ayant des enfants en commun. Nous arriverions à des aberrations du même ordre. Aucune représentation cohérente des dimensions verticale, horizontale, topographique ou économique de la famille ne peut émerger d’un concept intrinsèquement incohérent.
Nous pourrions discuter aussi l’expression, tout autant funeste, de famille recomposée. Nous nous échouerions de même sur les absurdités et incohérences de la confusion famille/foyer.
Nous terminerons par une citation d’Évelyne Sullerot dans son livre La crise de la famille :
« Sociologues, démographes et travailleurs sociaux s’entêtent à confondre la ‘famille’ (qui réunit des personnes ayant un lien de parenté) avec le ‘ménage’ (qui réunit des personnes habitant ensemble). D’où une utilisation intensive des ‘familles monoparentales’ ou ‘uniparentales’, ce qui n’est pas mieux, pour désigner des ménages (ou foyers) à un seul parent. Ainsi se trouve supprimé le parent vivant mais absent, même si celui-ci ou celle-ci voit ses enfants deux fois par semaine.
Les médias ont puissamment contribué à diffuser ce vocabulaire, comme ils ont diffusé les ‘recompositions familiales’ et ‘familles recomposées’, alors même que les enfants qui y vivent ont une famille décomposée. » (p. 194)
Ainsi que par la célèbre citation apocryphe d’Albert Camus, certes galvaudée mais ici tellement appropriée :
« Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde. »
Notes :
1 ⇑ La possibilité d’adoption par une personne seule a été ouverte avec l’introduction de l’adoption plénière par la loi du 11 juillet 1966.
2 ⇑ Voir :
– Nadine Lefaucheur, « Les familles monoparentales : des chiffres et des mots pour le dire, formes nouvelles ou mots nouveaux », dans Les familles d’aujourd’hui (Actes du colloque de Genève, 1984), 1986, pages 173-181.
– Nadine Lefaucheur, « Familles monoparentales : les mots pour le dire », dans F. Bailleau, N. Lefaucheur, V. Peyre (sous la direction de), Lectures sociologiques du travail social, Éditions ouvrières, Paris, 1985, pages 204-217.
– Gérard Neyrand, « Mort de la famille monoparentale et de l’hébergement alterné – Du bon usage des désignations savantes », dans Dialogue 2001/1 (n° 151), pages 73-81.
3 ⇑ « D’après Henri Léridon, le terme de familles monoparentales a été utilisé pour la première fois (à l’instigation d’Andrée Michel) dans le Rapport du Groupe prospective de la famille pour la préparation du VII e Plan, Paris, Hachette, 1975. » Gérard Neyrand, op. cit. p. 80, note de bas de page n° 7.
Nous avons cependant trouvé grâce à Gallicagram une occurrence de famille monoparentale dans un article daté du 10 janvier 1975 publié par le journal Le Monde.
Pour le mot monoparentalité, Gallicagram fait remonter sont apparition dans le journal Le Monde à 1986.
4 ⇑ Gérard Neyrand, op. cit., p. 74.
5 ⇑ « ‘Ce n’est donc pas la famille qui est monoparentale, mais le foyer ou le ménage au sens de l’I.N.S.E.E.’, signale à juste titre Évelyne Sullerot, qui pour sa part ‘eut préféré les expressions foyers monoparentaux ou ménages monoparentaux, plus exactes. En effet, dans la très grande majorité des cas, le père, absent du ménage, existe, et fait bel et bien partie de la ‘famille’ de l’enfant.’ Rapport présenté au nom du Conseil économique et social par Mme Évelyne Sullerot, in Le statut matrimonial et ses conséquences juridiques, fiscales et sociales. Journal Officiel de la République Française, séance du Conseil économique et social du 25 janvier 1984. » Nadine Lefaucheur, 1985, op. cit., p. 204, note de bas de page n° 1.
« Cette appellation est singulièrement abusive : les enfants appartenant à ces ‘familles monoparentales’ ou ‘uniparentales’ ont, le plus souvent, deux parents vivants. Simplement ils vivent avec un seul de ces deux parents. Ce n’est donc pas la ‘famille’ de ces enfants qui n’a qu’un parent, mais le ‘foyer’, le ‘ménage’ au sein duquel ils vivent. » « c’est une manière curieuse de gommer le parent absent[…] verbalement, on tue le père. » Évelyne Sullerot, Quel père ? quel fils ?, 1992, p. 102.
6 ⇑ « [Le terme famille monoparentale] induit une représentation tronquée de la famille en niant la réalité de l’autre parent. Cette réduction donne la primauté à la corésidence avec l’enfant sur le lien de parenté pour définir la famille. […] Si, dans la famille, le lien conjugal s’exprime généralement par la vie commune, ce n’est pas le cas du lien de filiation : il perdure au-delà de la séparation. Comme le dit Irène Théry, l’idéal d’indissolubilité du lien s’est déplacé du mariage vers la filiation. Du point de vue de l’enfant, la famille ne devient pas alors monoparentale, même si le couple a disparu. » Gérard Neyrand, op. cit., pp. 76-77. (Plus généralement, voir à ce sujet l’ensemble de l’article de Gérard Neyrand.)
7 ⇑ « Les sociologues – des femmes féministes – qui introduisent ce concept […] » Nadine Lefaucheur, 1985, op. cit., p. 210.